Guérison TCA & la faim extrême

La faim extrême, ou la faim réparatrice, est un phénomène que beaucoup de personnes souffrant de TCA, notamment d’anorexie, témoignent lors de leur guérison. Apparentée à des compulsions alimentaires, elles frôlent les accès boulimiques. Ce sujet est souvent tabou car il fait peur à ces personnes qui n’on connu que le contrôle de leur alimentation et de leur sensation de faim. Mais je pense qu’il est important d’en parler pour expliquer l’intérêt de son apparition et comprendre que c’est un signe que le corps se sent soulager de pouvoir refonctionner. Cet article a pour but de rassurer et donner des pistes pour affronter sereinement cette phase.

Qu'est-ce que la faim extrême ?

Troubles des conduites alimentaires

La faim extrême est une envie irrépressible de manger régulièrement des quantités difficilement contrôlables. Ce comportement impulsif ne suit qu’une règle : la faim. Etant donné que ce besoin primaire était jusque-là inhiber par la dénutrition et la restriction, lors de la renutrition, tous les fonctionnements du corps se mettent en route. C’est pourquoi on l’appelle la faim réparatrice, ou adaptée, car elle remplit un rôle précis : soigner le corps.

Cette faim réparatrice ne survient pas obligatoirement chez toutes les anorexiques qui sont en voie de guérison ! Et celles qui le vivent, ne le vivent pas de la même manière. Il ne s’agit pas d’une étape indispensable pour guérir des troubles alimentaires. Mais pour celles.ceux qui le vivent, cette faim est normale, elle a besoin de se réajuster après la période de restriction alimentaire due au trouble alimentaire.

Elle survient généralement lors de la renutrition. Alors que les patients.es font des efforts pour retrouver un rythme et de la flexibilité dans leur alimentation, voir la faim extrême apparaître peut être déstabilisant voire démoralisant. Il est donc important de rassurer et encourager la personne malade lors de la rémission de l’anorexie. Il faut se montrer compréhensif et bienveillant pour ne pas la culpabiliser face à ce besoin de manger sans faim, sans pouvoir résister non plus.
Similaires à des compulsions alimentaires, il ne s’agit donc pas de grignotages qui sont des prises alimentaires répétées en petites quantités, difficilement quantitifiables.

Quel rôle dans la guérison de TCA ?

Aussi difficile à vivre qu’à accepter, cette faim irrépressible permet au corps de récupérer après les complications de la dénutrition et elle aide à guérir de l’anorexie mentale. Il s’agit d’une réponse normale, naturelle, physiologique et vitale de l’organisme après les traumatismes subis par la maladie.

Toutefois inutile de contrôle cette faim, ce sera pire. Car plus tu lutteras contre les signaux de ton corps, comme ici manger, tu accumuleras de la frustration et c’est là que tu risques de basculer vers un autre trouble alimentaire : la boulimie.

C’est pourquoi lors de ta guérison, te faire accompagner par des professionnels qui connaissent les TCA te permettra de suivre un cheminement rassurant pour toi et encadré afin de prévenir l’évolution vers un autre trouble. Sache qu’elle ne dépend pas de ta volonté, elle est une conséquence de la maladie afin de de rétablir les carences et les fonctions altérées par la restriction alimentaire. C’est pourquoi le corps a besoin de beaucoup d’énergie pour se « réparer » : renouveler les cellules, reconstituer la masse musculaire, rétablir le bon fonctionnement du cerveau, produire des hormones, réguler le système digestif et le fonctionnement des organes…

Guérison TCA et la faim extrême

Après une période d’anorexie ou de boulimie, il n’est pas rare d’être confronté.e à des phases de compulsions alimentaires pendant la guérison. Après avoir subi la restriction alimentaire, en sortant de cet état de « famine », le corps réclame de l’énergie pour se maintenir en vie et se reconstruire pour retrouver son équilibre. Les sensations alimentaires (faim, satiété, rassasiement) ont été pendant longtemps ignorées perturbant les rythmes et les quantités à manger.

Ainsi quand on redonne à manger au corps, il va demander les aliments dont il a été privé pendant longtemps. Mais il est intelligent : il a peur de subir à nouveau une période de restriction donc il va en demander toujours plus par prévention. C’est pourquoi il faut le rassurer et lui laisser le temps de s’adapter. Lui faire comprendre qu’il ne souffrira plus et qu’il aura suffisamment à manger. Ton corps doit apprendre à te faire confiance à nouveau.

Comment vivre sereinement la faim extrême ?

  • Tenir un carnet pour y noter les émotions et les pensées, pour comprendre l’élément déclencheur pour prévenir la prochaine fois, changer ses schéma de pensées, modifier ses croyances, répondre autrement que par l’alimentation. Après une crise par exemple, écrire permet de répondre à ces interrogations et identifier la situation qui pourrait être la cause de la compulsion.
  • En parler à tes proches.
  • Manger régulièrement : 3 repas principaux et des collations pour prévenir la faim et les compulsions.
  • Manger en quantités suffisantes aux repas même s’il y a eu des compulsions avant, ne surtout pas compenser.
  • Accepter d’avoir ces envies de manger pour ne plus être en lutte et maintenir la présence du cercle vicieux. Cela peut se travailler au cours de thérapie cognitive et comportementale.
  • Apprendre à manger des aliments qui font « peur » régulièrement quand tu en as envie et pas seulement lors de crises.
  • Se réapproprier son corps sans compensation (sport, restriction, laxatifs, vomissements), sans penser aux calories, sans poids sur la balance…
  • Etre accompagné.e par des professionnels spécialisés dans les TCA
  • Veiller au sommeil (article)
  • Boire régulièrement tout au long de la journée. (article)
  • Pas de restriction ni de compensation.

Je rappelle que tout le monde ne le vis pas forcément.

Profite de l’instant présent en prenant soin de toi. Et même si tu traverses cette période, tu sais maintenant quel rôle elle joue. La faim réparatrice est variable selon chaque personne : elle peut survenir de temps en temps ou de façon régulière, elle peut être de forte intensité ou moédérée. Tout dépendra de plusieurs facteurs et surtout ton acceptation face à ce processus.

Tant que les compulsions alimentaires ne seront pas acceptées et vécues sereinement, plus tu maintiendras des stratégies compensatoires (restriction, sport, vomissement, jeûne…), plus ton corps te pousse à la crise. La durée et la fréquence dépendront du temps que tu prendras à comprendre l’intérêt de cette faim particulière et l’acceptation des compulsions. Donc sois patient.e, apprends à être bienveillant.e envers toi-même et ton corps, prends soin de toi et de ta santé. Ton corps a besoin de ton soutien. Pour te refaire confiance, tu dois progressivement introduire des aliments « interdits » jusqu’à ce que ton corps comprennent qu’il en aura, que tu le nourriras de tout sans restriction. Les tentations vont diminuer petit à petit, tu retrouveras tes sensations de faim et les compulsions s’atténueront naturellement, jusqu’à disparaître. 

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