La dysmorphophobie

Quelques chiffrent vont permettre de comprendre l’ampleur de la dysmorphophobie en France. Elle touche environ 2 à 3% de la population, majoritairement les femmes. 80% d’entre elles ont des pensées suicidaires et 25% ont déjà fait une tentative de suicide. 

Il s’agit d’un trouble mental qui peut affecter n’importe qui et engendrer des préoccupations exacerbées sur l’apparence physique. Si certaines prétendent qu’elle tire son origine des troubles des conduites alimentaires (TCA), d’autres avancent l’inverse, la dysmorphophobie est un facteur de risque de l’apparition de TCA.

Qu'est-ce que c'est ?

La dysmorphophobie est un comportement traduit par une préoccupation pour un ou plusieurs défauts de l’apparence physique, réels ou factices. Son évolution peut être progressive ou soudaine. Elle débute généralement à l’adolescence. Cela peut affecter les comportements et développer d’autres troubles mentaux :

  • Perte de confiance en soi et de l’estime personnelle
  • Dépression
  • Anxiété
  • Comparaison aux autres
  • Comportements compulsifs
  • Hyperactivité
  • Troubles des conduites alimentaires
  • Addictions
  • Dermatillomanie
  • Trichomanie

Les préoccupations peuvent concernées toutes les parties du corps : visage  tête, haut du corps, poitrine, bras, ventre, hanches, fesses, cuisses… 

J’utilise souvent la métaphore de la pomme : ce trognon oxydé qui se regarde dans un miroir et qui se voit avec toute la rondeur d’une pomme avec de belles couleurs.

Certains chercheurs supposent qu’il s’agit d’un trouble obsessionnel compulsif (TOC). Comme en témoignent les pensées négatives, des perceptions déformées, des tentatives pour dissimuler les parties du corps…. Les compulsions sont des actes répétés, psychologiques ou comportementales, effectués dans le but de réduire l’anxiété causée par les obsessions. D’ailleurs, le DSM-V (livre de référence pour diagnostiquer les troubles mentaux) classe la dysmorphophobie comme étant un trouble somatoforme (trouble mental caractérisé par des symptômes physiques), de la famille des TOC, à distinguer de l’anorexie mentale.

Comment savoir si on souffre de dysmorphophobie ?

Les principaux symptômes de la dysmorphophobie :

  • Préoccupations par  1 ou plusieurs défauts physiques ou d’apparence, que d’autres personnes jugeant inexistants ou légers.
  • Comportements excessifs, compulsifs et répétés : se regarder plusieurs fois dans le miroir, se prendre en photo sous tous les angles, se pincer les parties du corps concernées, se laver plusieurs fois, soigner son apparence avec perfectionnisme, comparaison…
  • Peur d’être pris.e en photo ou de voir son reflet dans un miroir.
  • Peur de montrer son corps : vêtements amples, éviter la piscine, le shopping, le contact physique…
  • Difficulté à s’intégrer ou à se concentrer : au travail, avec des amis, la famille… Car la préoccupation sur le physique obsède jusqu’à éprouver une inquiétude démesurée. 
  • Des pensées ou des phrases régulières : « Je suis gros.se »; « Je me dégoûte »; « Je ne suis pas assez musclé.e »; « Je suis trop musclé.e »; « Je n’ai pas assez de poitrine »; « J’ai de grosses joues/cuisses/fesses »; « Ma peau n’est pas assez lisse »; « J’ai beaucoup de poil au visage »., « J’ai un grand nez »..
  • Demander, directement ou non, l’approbation à l’entourage pour valider les pensées et la présence du défaut physique : « Tu ne trouves pas que j’ai de grosses cuisses ? »; « Ce t-shirt me grossit »; « Je suis boudiner dans ce jean, non ? »; « Regarde mon ventre, j’ai des bourrelets ! »; « On ne voit pas mes abdos »…
  • Avoir l’impression que les autres personnes ne voient que leur défaut physique, se moquent, les jugent à cause de leur apparence. Cela  va renforcer la croyance et isoler la personne souffrante.
  • Phobie sociale : peur d’apparaître en public, isolement.
Le poids n’est pas le problème principal de cette insatisfaction. Mais plutôt un trouble de l’image corporelle et de l’estime de soi.

L’insatisfaction corporelle étant perturbée, cela peut représenter un fort facteur de risque de la survenue et de la sévérité de troubles des conduites alimentaires (anorexie mentale, boulimie, hyperphagie). Dans ce cas :

  • Obsessions centralisées sur le poids, la silhouette et/ou l’apparence physique.
  • Sur-estimation de la perception corporelle : se sentir plus gros.se qu’on l’est réellement. Cela peut aller jusqu’à 20 kg supplémentaires du poids réel.
  • Stratégie de contrôle du poids ou de l’apparence physique : hyperactivité, restriction alimentaire, comportements compensatoires…

Les prises en charge de la dysmorphophobie

Une prise en charge précoce permet d’éviter la persistance du trouble dans le temps et pallier son intensité. Le professionnel de santé devra, lors de la consultation, poser diverses questions pour écarter ou certifier la présence de troubles comportementaux sous-jacents, comme les TCA, qui permettra de comprendre l’origine et le fonctionnement de la dysmorphophobie chez la personne souffrante.

Le diagnostic posé, l’approche thérapeutique prend en compte tous les troubles existants. En cas de TCA, il est nécessaire de travailler sur les perceptions corporelles (ressenties physiques, cognitifs et émotionnelles) pour encourage le.la patient.e à se reconnecter avec son corps : reprendre confiance ! Mais également le rapport à l’alimentation qui influence le mode de pensées et de comportements.

Ainsi, la thérapie cognitive et comportementale est une approche appropriée pour renouer efficacement avec son corps et soi. Grâce à des exercices, les personnes vont pouvoir se détacher de leur convictions erronées pour adopter des comportements et des pensées plus adaptés autour de leur apparence et leur estime d’elles-mêmes. Cette approche psycho-comportemental permet d’apprendre à écouter, accepter et respecter son corps

La dysmorphophobie Diététicienne Nutritionniste

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